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CNESER du 19 novembre 2012

CNESER du 19 novembre

Le projet de décret « emplois avenir professeurs » reçoit un avis négatif

Déclaration du représentant du SNPREES-FO appelant à voter contre le projet

 

Le CNESER est appelé à donner un avis sur un décret d’application d’une loi qui n’existe pas encore, et qui a pour objectif de mettre en place la réforme de la formation des enseignants. Ce projet, qui à ce stade reprend et amplifie la « mastérisation » de la formation des enseignants mise en place par Valérie Pécresse, fait l’objet de négociations Ministères-Syndicats qui sont loin d’être closes.

Les « emplois d'avenir professeurs »1 sont une variante des « contrats d'avenir » prévus pour les jeunes non qualifiés, contrats qui, pour Jean-Claude Mailly, ont un fort relent de CPE. Ce serait encore plus vrais des emplois professeurs prévus pour les étudiants boursiers.

Le projet précise que :

  • ils « peuvent participer (...) aux actions d'enseignement (…) en appui des enseignants »), pour des « disciplines connaissant des besoins particuliers, ceci dans les établissements publics et privés sous contrat.
  • ils devront effectuer 12 heures de travail pendant 47 semaines.
  • « Un arrêté (…) fixe les taux de prise en charge déterminant le montant de l’aide financière relative à l’emploi d’avenir professeur ». Pour 2013, le ministère indique un montant de 400 € par mois.

Le décret ne fixant aucune limite, on peut penser que ces étudiants seront largement utilisés pour enseigner dans des disciplines déficitaires, ou pour remplacer les enseignants en congé maladie.

Si ces étudiants sont employés à d’autres activités que l’enseignement, ils seront rémunérés à 8,51 € l’heure, soit 1,16 fois le SMIC. S’ils effectuent des tâches d’enseignement, ils toucheront 3,43 € l’heure, soit 0,47 fois le SMIC. horaire2.

Le « premier temps d’appropriation de leur futur métier par la participation » constitue également pour les étudiants « emplois d’avenir professeur » l’apprentissage… d’un avenir d’austérité !

On peut également constater que la surcharge de travail que provoquerait ce dispositif aboutirait inévitablement à développer l’échec en licence des étudiants, alors même que la ministre proclame son objectif de lutter pour « la réussite en licence ».

Force Ouvrière est opposée à la masterisation de la formation des enseignants. Il revendique un concours de recrutement à la fin de la licence, puis une formation professionnelle sous statut de fonctionnaire stagiaire.

FO revendique un pré-recrutement à bac. + 2 du type des IPES (concours en licence, avec comme seule condition de poursuivre ses études, de passer les concours d’enseignement, et d’exercer pendant 10 ans), pour l’équivalent de deux fois le SMIC.

Le SNPREES-FO appelle à voter Contre ce décret.

 

Résultat du vote de la Section Permanente du CNESER : Pour : 0 – Contre : 4 (FSU et CGT) - Abstention : 13

(Seule la Section Permanente du CNESER était appelée à voter. Il y a une rotation entre syndicats, ce qui fait que le SNPREES-FO n’y participe pas actuellement).

1 « Les emplois d’avenir professeur, créés par la loi portant création des emplois d’avenir, ont pour objectif de permettre à des étudiants boursiers qui souhaitent se destiner aux métiers de l’enseignement d’effectuer, pendant leurs études, des missions d’appui éducatif rémunérées dans les écoles et les établissements scolaires. Il s’agit d’une part, d’aider des étudiants à poursuivre leurs études jusqu’au master et à préparer un concours de recrutement dans un corps enseignant et, d’autre part, de leur offrir, en parallèle de leur cursus universitaire, un premier temps d’appropriation de leur futur métier par la participation à diverses tâches de nature pédagogique sous la responsabilité d’un enseignant expérimenté » (texte de présentation du Ministère).

2 L’heure d’enseignement d’un professeur certifié de lycée est officiellement équivalente à 2,5 h de travail réel, en réalité beaucoup plus.